Les Jeux de Paume

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Jeu de Paume de la Moquerie, Édouard Gatian de Clérambault, 1909, dessin extrait de Édouard Gatian de Clérambault, « Tours qui disparaît », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 1912, pl. 57.
Crédits : Source gallica.bnf.fr / BnF

À l’origine pratiqué dans le milieu clérical, le jeu de Paume a rapidement gagné toutes les strates de la population et est devenu un jeu très populaire au Moyen Âge et à la période moderne. Dès 1300, le jeu apparaît dans les comptes princiers, Louis XI, notamment, s’adonnait au jeu de paume [Mehl, 1990, p. 33].

 

Un jeu aux règles complexes

Les règles de ce jeu visent à opposer de 2 à 8 joueurs. Le terrain est divisé en deux zones séparant les adversaires. La séparation entre les zones est symbolisée par une simple ligne tracée au sol. Une corde puis un filet vinrent par la suite remplacer cette ligne. L’objectif est d’envoyer la balle dans le camp adverse et pour l’adversaire de la renvoyer avec la paume de la main [Merdrignac, 2002, p. 199]. Le gant fait son apparition à la fin du Moyen Âge [Merdrignac, 2002, p. 200], puis au XVe siècle, se développent les battoirs, ancêtres des raquettes qui apparaissent au siècle suivant [Merdrignac, 2002, p. 201]. Voilà pour les principes du jeu dans les grandes lignes, il reste en effet difficile d’établir des règles claires. Le premier précis détaillant les règles du jeu de paume n’apparaît qu’en 1555 à Venise et pas avant 1592 en France [Mehl, 1900, p. 39].

 

Des espaces dédiés

À la Renaissance, le jeu de paume qui est pratiqué est « la courte paume ». Elle se joue en intérieur. Des espaces dédiés voient le jour dès le XVe siècle et prennent le nom du jeu [Merdrignac, 2002, p. 203]. À la grande diversité des pratiques s’ajoute une grande variété de lieux allant du terrain rudimentaire à ciel ouvert à la salle spécifiquement aménagée. Le terrain devait mesurer entre 25 et 30 mètres de long sur 8 à 10 mètres de large avec des murs de 6 mètres de haut. Les espaces de jeux comportaient parfois une salle annexe où les joueurs pouvaient se changer et qui portait le nom de « dépouille ». Le sol était recouvert de dallage ou de carrelage en pierre.

Les salles princières bénéficiaient d’un aménagement plus élaboré. Une galerie couverte courait sur 3 des 4 murs. Le dernier mur nu était le mur « de bricole ». Le toit, composé de planches unies, était porté par des piliers [Mehl, 1990, p. 41].

 

La pratique à Tours

Le jeu de paume semble avoir été populaire à Tours comme ailleurs dans le royaume. La cité a compté plusieurs espaces dédiés au jeu au cours de la Renaissance. Le premier d’entre eux, attesté en 1473, se situait près de la porte Saint-Simple [Renumar, 19 novembre 1473]. Un autre l’année suivante est localisé rue du Cygne [Renumar, 11 octobre 1474]. Si ces deux jeux de paume sont ouverts au public, le roi possède son propre terrain au château du Plessis-lès-Tours. En 1507, est mentionné, rue Neuve (actuelle rue Jules Favre), le jeu de Paume de L’Échiquier. Dans un marché passé à cette date pour la réalisation de travaux, Barthélemy Roche, cavalier ordinaire de l’Écurie du roi, est désigné comme le propriétaire des lieux. Ces travaux, confiés au maçon Guillaume Jouzeau, prévoyaient la réfection des murs, l’aménagement d’un portail pouvant laisser passer un cavalier monté et la construction de deux fenêtres [Renumar, 18 février 1507]. En 1532, un jeu de paume est installé dans la maison où pend l’enseigne Le Braquemart, dans la rue du même nom. Ce jeu est tenu par les Fracquepain, famille d’armuriers d’origine italienne [Renumar, 6 décembre 1532]. Quelques années plus tard, en 1547, apparaît dans les documents d’archives le Jeu de Paume de L’Oyson Bridé, dans la rue de la Scellerie. Il est attesté au moins jusqu’en 1594 [Renumar, 3 janvier 1547 ; Renumar, 8 décembre 1594]. Et enfin, un peu plus tardivement, le Jeu de Paume de La Moquerie, s’installa dans la rue du même nom. Encore visible aujourd’hui au n°27 de la rue et au n°14 de la rue Voltaire, ce jeu de paume fut utilisé comme cadre pour des représentations théâtrales que l’on nommait également moqueries. Selon la tradition, Molière vint même y jouer [Base POP, PA0009819]. La popularité du jeu est telle que les balles trop dures sont interdites à Tours en 1540 [Mehl, 1990, p. 37].

 

Bibliographie

Mehl Jean-Michel, Les jeux au royaume de France du XIIIe au début du XVIe siècle, Paris, Fayard, 1990.
Merdrignac Bernard, Le sport au Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002.